C’est quoi le gris à 18% ?
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Certains outils ou tuto nous propose de nous aider du « middle grey », du gris neutre ou du gris à 18% pour faire notre image. Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Et à quoi ça sert ? On va tenter d’y répondre !

Ah ! La science ! Et toutes ces découvertes qui nous montrent à quel point le monde n’est pas du tout comme on le croit ! Et qui nous font poser des questions comme : Qu’est-ce qu’un gris ?

Car il y a de grandes différences entre la façon dont la lumière agit et la façon dont on la voit. De multiples facteurs influencent notre vue.

Si je vous dis que la case A et la case B ont le même gris, vous me croyez ou pas ?

Ce que nos yeux perçoivent est constamment réinterprété par notre cerveau. Le contexte dans lequel vous regardez les choses influencent ce que vous voyez. Cette réinterprétation nous permet de mieux discerner les objets, mais aussi parfois, de nous tromper.

Et maintenant, vous me croyez ?

Votre caméra n’ayant pas de cerveau (pour l’instant), elle va devoir transformer la façon dont elle perçoit les choses pour que cela ressemble à la façon dont vous percevez les choses. Or, notre vue a déjà un gros avantage : Elle a une plus grande dynamique que n’importe quel capteur photographique. Deuxième gros changement, notre vue s’adapte selon l’intensité lumineuse.

Un capteur d’appareil photo est linéaire. Pour schématiser, s’il reçoit une quantité de lumière de 40, il l’interprètera comme 40. S’il reçoit une quantité de lumière de 80, il l’interprètera comme 80. Et ainsi de suite… Il interprètera toujours les choses de façon stricte. Notre œil fait preuve de plus d’adaptation. Il suit une courbe bien à lui dans son interprétation.

Les constructeurs incluent parfois des courbes d’interprétations de la lumière (log, lut…) pour imiter l’œil humain.

La théorie

Les théories ont évolué au cours du temps. Au début du XXème siècle, on imaginait que cette courbe était logarithmique. Au fil des ans, sa courbe a évolué. Ainsi elle a évolué vers une base racine carré, puis racine cubique… L’équation finale est toujours en question et sujette à débat. Les accords sur sa définition ont des répercussions dans de nombreux domaines et évoluent avec les découvertes scientifiques. Du coup, elle change souvent ! (On dénombre 3 modèles différents depuis le début du XXIème siècle.)

La pratique

Il n’existe donc pas vraiment de valeur exacte. Mais il existe des conventions dans la pratique.

Et nous sommes bien obligé d’en avoir ! Nous sommes meilleurs que le capteur pour supporter des lumières puissantes ou distinguer des choses dans le noir. Il nous faut donc un repère au milieu, une valeur qui nous servira de repère pour « placer » la dynamique de notre capteur. Comment le choisir ?

Lumière directe et lumière réfléchie

On pourrait commencer par distinguer deux types de lumières : Les lumières directes et les lumières réfléchies (ou bouncées). La lumière directe que vous connaissez le mieux, c’est le soleil. Mais cela peut être toutes sortes de sources lumineuses (ampoule, bougies, écran…). La lumière réfléchie, c’est tout le reste. Si vous voyez quelque chose, c’est parce que la lumière s’est réfléchi dessus. Si vous êtes ébloui par un mur blanc, c’est parce qu’une grande partie de la lumière du soleil s’est réfléchi sur le mur. Si vous percevez une matière comme noire, c’est parce que la matière a absorbé la lumière et ne l’a pas reflété.

Le noir total est d’ailleurs un grand challenge, car il est toujours difficile pour une matière d’absorber 100% de la lumière. Des artistes tentent même l’impossible en essayant de créer des peintures les plus noirs possibles comme le Black 3.0.

Différents niveaux de peinture noirs

Pour simplifier, si un objet reflète 100% de la lumière, il est blanc. Si un objet reflète 0% de la lumière, il est noir

La convention

Après moult débats aux conclusions toujours discutables (car la perception est toujours subjective), une convention a été établie pour admettre que le gris du milieu – dans le « milieu » de notre perception – est équivalent à une réflexion de 18% de la lumière par un objet. D’où le nom : gris à 18%.

Donc pour notre œil, un gris bien équilibré, entre le noir et le blanc, est donc équivalent à un gris à 18% dans la réalité.

Sur la partie gauche du Colorchecker, un blanc, un gris neutre (18%) et un noir.

Et alors ?

Comme dit plus tôt, un capteur photographique, avec sa dynamique limitée, doit se placer au milieu du spectre de l’œil humain. La dynamique d’un capteur va donc être établi avec pour centre d’attention le gris à 18% et notre signal vidéo général.

Mon signal vidéo va de la valeur la plus basse (noir) à la plus haute (blanche). L’appareil photo ne captera pas l’ensemble des informations que mon œil perçoit, donc je vais devoir régler mon appareil en fonction de cela. En plaçant mon gris à 18% au milieu de mon signal, je m’assure d’avoir un maximum de gris clair et un maximum de gris foncé perceptible. Ainsi, mon appareil captera la scène de façon homogène, en captant les images d’une façon qui se rapproche de ce que je verrais naturellement.

Pour des besoins artistiques, je peux privilégier que le gris soit plus bas, ou plus haut dans le signal, parce que j’ai envie de privilégier ce qui est clair, ou ce qui est sombre.

Le gris à 18% est une technique qui sert de repère. Libre à vous de l’utiliser comme vous le souhaitez. C’est un lien entre vous et la machine, pour vous accorder entre ce que vous percevez et ce qu’elle perçoit.

On espère, en tout cas, que cet article vous aura aidé à comprendre les enjeux du gris à 18%.

Si vous avez d’autres questions, sur le gris à 18%, la vidéo ou le son, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou à venir nous voir en boutique ! On n’aura pas forcément la réponse, mais on cherchera une solution avec vous !

Nico de Loutacam

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